L'Eglise a beau jeu de dire, à propos du chevalier de La Barre : "ce n'est pas l'Eglise qui l'a condamné à mourir, c'est un tribunal séculier". Le tribunal est saisi d'un crime religieux d'impiété. Les autorités religieuses et civiles sont allés trop loin dans la dramatisation de l'événement (un crucifix tailladé), elles doivent aller jusqu'au bout, quitte à punir un innocent.

A travers le chevalier de La Barre, c'est la philosophie des Lumières qui est condamnée, c'est la liberté d'expression et de penser qui sont visées. Le livre de Voltaire, que le chevalier lisait, brûle avec lui.

C'est le même obscurantisme qui guide, en 1775, la cérémonie d'inauguration d'un nouveau crucifix sur le Pont Neuf à Abbeville. Cérémonie qui se conclut par un "autodafé" des livres de Voltaire et de Rousseau. Il faut attendre la Révolution et 1791 pour que soit supprimé le crime d'impiété et celui d'hérésie. Le 25 brumaire an II (15 novembre 1793), la Convention nationale réhabilite le chevalier de La Barre et toutes les victimes de l'intolérance cléricale.

Si, en France depuis un siècle, nous n'avons pas connu de guerre civile, c'est grâce à la laïcité, grâce à la loi du 9 décembre 1905 qui sépare l'Etat des Eglises. Tant que nous auront des lois laïques nous ne connaîtrons pas la situation qu'ont connu l'Algérie, le Liban, Israël, l'Inde et le Pakistan, les Balkans et tant d'autres. Mais on a souvent des difficultés à faire appliquer une loi pourtant votée démocratiquement et qui à subi beaucoup de revers à cause de lois anti-laïques ultérieures.

Nous, laïques, devons être vigilants à toutes les atteintes. Nous devons les dénoncer et les faire échouer.

Réanimer les symboles laïques est un moyen.

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