LA NOUVELLE STATUE |
Le Conseil
Municipal du 18ème
arrondissement de Paris a voté en 1997, à l'unanimité,
le projet d'érection d'une statue du chevalier de La
Barre, sur l'ancien socle. C'est le projet du
sculpteur Emmanuel Ball qui a été retenu par
l'association, puis accepté par la Ville de Paris. La
nouvelle statue, payée par souscription, a été
inaugurée le 24 février 2001. Pour ne pas oublier que le livre de Voltaire à été brûlé avec le corps du chevalier, le socle porte l'inscription suivante, tirée du Dictionnaire Philosophique : "La tolérance universelle est la plus grande des lois". |
DISCOURS D'INAUGURATION DE LA
NOUVELLE STATUE Monsieur
le Ministre, Monsieur le Maire, Qu'il
soit d'abord rendu hommage à une presse humoristique Le 1er juillet
1766, sur la Grand'Place d'Abbeville, Jean-François
Lefèvre, Chevalier de La Barre n'est pas mort attaché
à un poteau, comme on a bien voulu le représenter. II avait subi la
torture, dirait-on aujourd'hui, la question ordinaire
disait-on alors, afin qu'il révèle les complices de ses
impiétés. C'est cette
attitude que nous avons retenue. II a l'allure fière et
insouciante d'un jeune homme de dix neuf ans opposé
quotidiennement aux pouvoirs du moment. Pouvoirs doubles
puisqu'en l'occurrence, il s'agit de l'Eglise et de
l'Etat. Dès le XVllème siècle, Pierre Bayle s'insurgeait déjà contre la transformation du blasphème en délit. II faisait remarquer que le blasphème n'est scandaleux qu'aux yeux de celui qui vénère la réalité blasphémée. |
II a fallu attendre le 9 décembre 1905 pour que le rêve des Lumières, la loi séparant les Eglises et l'Etat, soit promulguée. "A écoles privées, fonds privés" disait-on alors. Aujourd'hui, un siècle après, nous constatons que cette loi a été détournée par de multiples aménagements : loi Astier du 25 juillet 1919, décrets des 8 avril 1931 et 9 janvier 1934, loi Debré du 31 décembre 1959 et bien d'autres décisions qui dissimulent des subventions discrètes et variées. | |
Actuellement, la
surinformation arrive à désinformer complètement la
population . Qui sait, par exemple, qu'un procès a été
gagné contre l'Eglise pour utilisation des fonds publics
aux J.M.J ? Autre exemple : aujourd'hui, des terrains municipaux sont bradés pour la réalisation d'un projet d'Institut Théologique en plein Paris. Et pourtant, le texte de la loi de 1905 dit bien "La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte". Le concept de laïcité doit préserver un environnement permanent de liberté pour tous. II doit séparer la sphère publique de la sphère privée. La laïcité s'applique non seulement à l'école mais aussi à tous les domaines. On nous objecte que la laïcité est une spécificité française. Nous savons, pourtant, que sa pratique universelle amènerait la paix sur la terre entière. Chacun est libre
de ses croyances ou de ses doutes. Chacun est libre de
vivre comme il l'entend pourvu que ses actions et ses
propos ne nuisent pas à autrui et n'empiètent pas sur
sa liberté. Cette liberté que je revendique pour
moi-même, je la désire aussi pour les autres. |
Pour agir, les
laïques n'emploient que la force de persuasion verbale,
puisqu'il ne peut être question, pour eux, de
contraindre au nom de la tolérance réciproque. La laïcité est une conception subtile de la tolérance. Elle est comme l'air, on sait vraiment ce que c'est quand elle vient à manquer. Un hebdomadaire déclarait
récemment : "En dépit de son inexorable déclin,
la religion est à la mode... Quoi de plus tendance que
d'écouter une messe dans une église polonaise, de se
montrer à la Mosquée de la Goutte d'Or ou d'assister à
une belle célébration hassidique conduite par un rabbin
fondamentalisme de la rue de Crimée ? Une visite du
Dalaï Lama sans doute !" (fin de citation). |
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II est vrai que
certains, croyant la servir, l'ont dénaturée. En effet,
certains laïques n'hésitent pas à se montrer souvent
plus intégristes que leurs adversaires, au nom d'un
communautarisme intolérant. On ne sait plus si, au nom du droit à la différence, il faut renoncer aux valeurs fondamentales des Droits de l'Homme et du Citoyen. On ne sait plus, en particulier, si les Droits de la Femme - car c'est elle, le plus souvent qui est la victime - si les Droits de la Femme doivent céder le pas aux religions. Je ne parlerai pas du foulard islamique, de l'excision en Afrique, des chaussures carcan en Chine. Mille sujets peuvent et doivent être traités par la laïcité des institutions , garante de la neutralité et de l'esprit de tolérance. La Laïcité rassemble ce qui est épars, c'est sa fonction dans la laïcité. Or, la laïcité ne
possède pas d'emblème, de drapeau, de logo dirait-on
aujourd'hui, pas de symbole rassembleur. Ainsi, savez-vous qu'il a existé et qu'il existe encore des projets pour changer le nom de la rue du Chevalier de La Barre qui se trouve au pied de ce square ? Les noms avancés sont tous honorables. Je trouve pourtant plaisant que l'adresse de la Basilique construite pour expier les crimes de la Commune, dit-on, soit "rue du Chevalier de La Barre" ce qui ne serait plus le cas si on la... débaptisait. |
Le premier but de
notre Association était de remettre en place une statue
du Chevalier. Mais la tâche n'est pas achevée.
Permettez-moi de vous rappeler ses autres buts, d'après
nos statuts : - Rassembler, aider et favoriser les actions oeuvrant pour la liberté absolue de conscience, la liberté d'expression, la liberté d'opinion et la liberté de penser, contre tous les intégrismes et les fanatismes. - Promouvoir le concept de laïcité délimitant la sphère publique et la sphère privée. "Etre laïque, c'est ne rien placer hors du débat". C'est sur cette définition d'Eric Fassin que je voudrais terminer. Que ce lieu devienne l'outil qui mettra notre ambitieux projet en perspective. Que ce square - lieu ouvert - devienne en quelque sorte le Temple de la Tolérance, le Temple du respect de l'autre ! |
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Honneur au Chevalier ! | |